Que raconter sur Bögenhaffen ?

Après avoir quitté Weiβbrück et surtout s'être débarrassé d'encombrants cadavres dont celui de Kuftos (il fallait pour cela remercier Heinrich et sa méthode digne du meilleur boucher de la capitale), nous avions atteint la grande bourgade en pleine émulsion. En effet la célèbre Schaffenfest annuelle allait débuter dès le lendemain...Nous avions aidé Joseph à débarquer sa cargaison et je lui avais offert une nouvelle grande voile, l'ancienne ayant brûlée dans l'attaque incendiaire. En contre partie, nous ne payâmes quasiment rien pour le voyage. Joseph était vraiment pour moi un de ces rares amis...

Malheureusement Bögenhaffen fut pour nous le lieu de grand désarroi. Tout d'abord les notaires prometteurs du legs de Lieberung n'existaient point, « l'étude » n'avait été qu'un grossier piège tendu par Kutsos pour attirer le vrai Baron dans une embuscade mortelle. Gadoum en avait mangé le parchemin de rage ou de désespoir, je ne sais pas ; mais je fus le premier à le comprendre : la fortune de Lieberung n'existait pas...

Dès le lendemain, nous allâmes noyer notre désespoir à la Schaffenfest et Khorint se fit remarquer à deux reprises : tout d'abord il remporta le combat de lutte et fort de son exploit, il enchaîna en décalquant la principale attraction d'un montreur de monstre : le gobelin à trois pattes (mais bien sûr....). Nous avions bien essayé de rembourser le forain, le « Docteur » Malthusius, en lui proposant un numéro de Gadoum : « le nain à trois pattes quand il voit une naine », mais l'affaire ne fut pas conclue. Mais non je plaisante. Khorint fut arrêté et jugé par le Juge Richter, l'amenant à faire un travail d'intérêt général : nettoyer les égouts d'une guilde de voleurs certainement plus habituée au lieu que nous. Ben voyons, rien que ça...

Les égouts. Ah oui je me rappelle : des cursives malodorantes, une amibe protoplasmique (euh c'est Erefné qui l'a décrite comme ceci, moi j'aurais plutôt dis une espèce de merde liquide ambulante) qui eut l'honneur de tester mes grenades à huile. Puis nous avions découvert le demi cadavre de ce nain alcoolique croisé un peu plus tôt au tribunal des fêtes. Pour enfin découvrir une salle de sacrifice où un rude combat contre un démon avait heureusement tourné en notre faveur malgré l'effroi quasi général. Et puis un conduit plus petit, où nous étions tous à la queue leu leu avec une drôle d'odeur, une odeur que je connaissais, une odeur de ......

WOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUFFFFFFFFFFFFFFFFF

Puis plus rien....

Je me réveillais dans un lit douillet bien groggy. Une femme assez belle en robe blanche se penchait sur moi.

« Ah ! Galadriel !» soupirais-je lançant un coup d'œil encore flou dans son décolleté.

« Pardon ??? Reprenez vos esprits, mon jeune ami ! Je suis sœur Garaumiel ! »

« Hein quoi ? »

Ma vue encore brouillée commençait à mieux percer les contours de la dame. C'était en fait une vieille, plutôt moche à la poitrine chargée par les années et sans décolleté de surcroît, dans une longue robe crème, ou sale, de prêtresse. Dure l'illusion...

« Qu'est ce qui m'est arrivé M'dame ? »

« Vous avez faillit mourir mon pauvre petit ! »

Oui ben celle là je m'y attendais vue que le dernier événement dont je me rappelais prenait la forme d'une grosse bouffée de chaleur et un enfer de flammes ! Comme se trouver au mauvais endroit lors du pet d'un Balrog.

« Votre ami, un nain, vous a amené il y a deux jours dans un état effroyable. Il nous a expliqué que vous aviez été pris dans une explosion de gaz dans les égouts. »

Mais oui, c'est ça ! L'odeur : du méthane, du gaz de merde...

« Et ou suis-je ? »

« Au temple de Shallya sous notre bénédiction. Notre Grande Prêtresse a reçu une ordonnance du juge Richter apportée par vos amis. Celle-ci nous demandait de prendre soin de vous. »

« Vous lui direz merci à votre patronne »

« Son titre est celui de Grande Prêtresse ! Et elle se nomme Marlène Ruberstern, jeune inculte ! » dit elle l'air agacée par mon ton ironique.

Elle décida de quitter la pièce. Ca tombait bien. J'étais encore bien dans le pâté et je décidais de me rendormir sachant que j'étais en de bonnes mains.

Je me réveillais au son de la voix d'Erefne : « Josep, comment vas tu ? »

J'ouvris les yeux pour voir les tronches familières de mes amis. Les retrouvailles furent agréables car tous s'étaient fortement inquiétés pour moi. Il faut dire que j'avais failli finir grand brûlé ou même pire dans une urne. D'ailleurs ma nouvelle apparence, chauve et sans sourcils, allait faire fureur. Si je n'avais pas reçu des soins de la part des prêtresses, je n'aurais certainement pas survécu. Je devais aussi une fière chandelle à Gadoum qui m'avait sorti de cet enfer souterrain.

Ils me racontèrent tout ce qui leur était arrivé : leurs rencontres avec la guilde des voleurs dans les égouts et l'accord passé avec eux, leur enquête sur l'Ordo Septenarius, association de dirigeants et notables de la cité certainement responsables du sacrifice découvert. Le seul membre reconnu de cet ordre était un certain Magirius. Mais mes compagnons avaient identifié un autre de ces membre: Franz Steinhäger.

A ce sujet, Bénélis leur avait fait une terrible révélation: sa déesse Véréna lui était « apparu » durant un rêve et lui avait annoncée que « L'équilibre des forces était en danger car les Dieux du Chaos rôdaient aux portes de notre monde ». D'après ce songe, il fallait surveiller Morrslieb. La lune s'était rapprochée dangereusement et un visage était apparu à sa surface ces derniers jours. Le pauvre Heinrich, d'une superstition très poussée, l'avait même vu « ouvrir les yeux » à l'aube ce matin. Connaissant l'honnêteté d'esprit de mon ami, on ne pouvait que le croire. Certainement le signe que tout allait se jouer dans les jours qui suivaient...

Nous quittâmes le temple, sans oublier de les remercier une dernière fois. De retour à notre auberge, ce fut autour d'un excellent repas légèrement arrosé de cidre que nous décidâmes de mener une rapide enquête pour en savoir plus sur l'Ordo Septenarius.

Durant l'après midi, je me rendis au dépôt de marchandises du port pour rencontrer Marcüs Haagen, le responsable de la guilde marchande fluviale. D'une entourloupe naturelle, j'arrivais à faucher quelques pages de son registre de commerce. Il semblait bien qu'il était en relation avec Teugen mais ça ne prouvait rien de plus.

Erefne avait approfondie les révélations de sa soeur à la bibliothèque du temple de Véréna. La Grande Prêtresse Greta Harkbokka lui en avait donnée l'autorisation. Il y avait bien une légende sur Morrslieb et son réveil annonciateur du Chaos. Elle retrouva trace aussi des « Pierres Distordantes » dont lui avait parlé sa sœur.

Sarfath avait, seule de son côté, brillamment approfondie son enquête en filant Steinhäger et savait que l'Ordo Septenarius devait se réunir dans la soirée chez Johanes Teugen, premier conseiller de la ville. La plus haute instance de Bögenhaffen était impliquée dans cette secte certainement vouée au Chaos !

Il nous semblait tous évident que les membres de l'Ordo Septenarius étaient liés aux pratiques occultes découvertes dans les égouts et que leurs agissements représentaient un danger pour la cité. Mais comment lutter contre de si puissants notables dont Teugen lui-même ?

Avec les nouvelles informations de Sarfath, nous décidâmes d'agir sur le champ. Mais notre groupe n'avait su choisir entre agir seul ou prévenir les autorités via Richter. Car certains d'entre nous le soupçonnait d'être impliqué. Néanmoins dans le peu de temps qu'il nous restait, je rendais visite en compagnie d'Erefne au juge. Il nous reçut en sa demeure et nous lui révélâmes tout ce que l'on soupçonnait sur les agissements occultes et dangereux de l'Ordo.

Malheureusement même si nous fûmes assurés de sa loyauté dans cette affaire, il ne pouvait faire grand-chose. Il nous fit une ordonnance pour mener une poignée de soldats en nommant Khorint comme capitaine. Ceux-ci surveilleront les alentours de la demeure. Après notre entrevue, il fallait faire vite. La réunion de l'Ordo Septenarius avait lieu dans trois heures. Notre plan était assez simple : je devais avec Gadoum créer une diversion pour que Sarfath et Heinrich puissent pénétrer à l'intérieur de la demeure de Teugen. Je me rendis avec le nain chez un armurier pour acheter des pistolets et de la poudre. Le commerçant ne voulut nous faire une ristourne et le ton a vite monté. Je l'assommais et le ligotais tandis que Gadoum fermait la porte de la boutique. Alors qu'on réunissait quelques armes et cornets de poudre (après avoir allégé la caisse), nous entendîmes une voix à l'extérieur.

« Günter ça va ? J'ai cru entendre du bruit.»

Nous fîmes silence quelques instants. Plus rien... Nous sortîmes par la devanture de la boutique mais nous tombâmes nez à nez avec un petit gars rondouillard.

« Hé vous ! Où est Günter ? Qu'est ce qui se passe là dedans ? »

« Mais vous êtes qui vous ? » lui lança le nain.

« Bah ! Rudolf ! Je suis le boulanger de la boutique d'à côté. J'ai entendu quelques cris. Vous êtes clients de Günter ? Y a un problème ? »

Pourquoi les commerçants sont ils toujours si suspicieux ? Ca ne leur amène que des soucis.

« Euh non rien ! », lui répondis-je « Enfin si : un gars a agressé votre voisin de commerce ! Je vais de ce pas prévenir les autorités.»

Je partis instantanément en courant laissant le pauvre Gadoum se débrouiller seul. Au coin de la rue je me retournais pour apercevoir le nain et le gars entrer dans la boutique de l'armurier.

Soudain j'entendis beugler le boulanger : «Mais ! Mais vous vous foutez de ma gueule ! Gardes ! Gardes ! »

Gadoum sortit en trombe les bras chargés de pistolets (J'avais les cornets de poudre dans ma besace) et battre le record du « 110 mètres haies nains ». Ce sont des spécialistes et vont bien plus vite que nous humains. Je vous laisse deviner pourquoi...Il me rejoignit en poussant de grossiers jurons et nous nous éclipsâmes dans les ruelles étroites, tout de même ravis de notre butin.

Nous avions désormais intérêt à nous monter très discret. C'est pour cette raison que nous devions nous occuper de créer la diversion : il s'agissait de poser quelques charges de poudre dans la fosse sceptique de Teugen. Nous pénétrâmes dans les égouts pour faire notre sale besogne. Grâce à un plan détaillé, nous arrivâmes au lieu désiré. J'escaladais le difficile conduit final, fixais les mèches avec agilité, puis redescendit pour rejoindre Gadoum. Ce dernier resta pour allumer la mèche et je devais lui faire signe restant à la bouche d'égout la plus proche. Lorsque tout fut mis en place, nous fîmes sauter le conduit ce qui permit à Sarfath de pénétrer dans la demeure du conseiller profitant de la confusion générale que pouvait générer une violente remontée d'égout ! Les jardins étaient pourtant étroitement surveillés par de nombreux soldats sous le commandement du capitaine des gardes de Teugen, mais la belle s'en sortit encore une fois avec brio et passa inaperçue. Heinrich, lui, ne put s'infiltrer mais créa tout de même une autre diversion à sa manière en faisant le pitre sur le mur d'enceinte du jardin occupant forcément quelques gardes qui essayèrent de l'y déloger.

Pendant ce temps les membres étaient arrivés : Steinhäger, Schwartzman, Haagen, Ruggbroder, Rügen et Magirius. Sarfath ressortit quelques temps plus tard mais nous apprit qu'elle n'avait pu obtenir qu'une seule information : l'Ordo devait se réunir le lendemain soir dans un lieu très précis. Mais elle n'avait pu en apprendre davantage. Les différents conviés sortirent à leur tour. Nous prîmes alors la décision de suivre Friedrich Magirius jusqu'à chez lui. Il était seulement accompagné de deux gardes. Nous tendîmes notre embuscade devant le porche de sa maison forçant les gardes à se rendre sans faire preuve d'un imbécile courage. Magirius, apeuré, fut obligé de nous laisser entrer. Nous installâmes tout ce beau monde dans un salon, fîmes asseoir un Magirius tremblant pour prendre place face à lui.

« Que manigancez vous avec Teugen et l'Ordo Septenarius ? » demanda Khorint d'un ton rude et impressionnant.

Magirius se mit à bafouiller et s'effondra en larmes. Il nous expliqua que l'Ordo n'avait rien fait de mal jusque là mais que la volonté de Teugen allait bien trop loin désormais puisque ce dernier voulait effectuer un sacrifice humain. Certains membres s'y étaient opposés mais la pression était trop forte. D'après ce vieux pleurnichard, l'acte aurait lieu le lendemain et l'endroit allait lui être communiqué dans la prochaine matinée.

« Ecoutez Magirius, » lui dis-je « nous allons non seulement empêcher par tous les moyens les agissements de Teugen, mais surtout l'empêcher définitivement de nuire à la cité. Car cet homme sert le Chaos et rien d'autre. Les habitants de Bögenhaffen sont trompés et votre ordre dangereusement instrumentalisé. Vous reprendrez alors la ville en mains. Mais nous devons savoir à qui faire confiance Magirius ?» lui demandais-je.

« Schwartzman et Rügen probablement. », nous répondit-il, « J'irais moi-même les prévenir. Mais à mon avis il faut se méfier de Steinhäger et Haagen. Faites particulièrement attention au neveu de Teugen, Gidéon, il me semble d'une incroyable cruauté.».

L'affaire fut conclue. Nous étions trop impliqués pour laisser tomber. Finalement le destin de la cité était dans les mains de notre petit groupe. Nous décidâmes alors par sécurité de passer la nuit sur place...

Le lendemain, Magirius s'absenta quelques heures (nous le fîmes quand même suivre par Heinrich et Sarfath) afin de mettre au courant les autres membres de l'Ordo « dignes de confiance ». Tout se passa bien. Une missive fut adressée à son domicile en fin de matinée. Le rendez vous avait lieu sur les docks à l'entrepôt numéro treize un peu avant minuit. Nous passâmes la journée à nous préparer pour y tendre une embuscade. Nous nous rendîmes donc sur place dans l'après midi pour étudier les lieux. L'entrepôt était accessible et il contenait suffisamment de caisses pour bien s'y planquer. Notre groupe décida donc de venir un peu avant le rendez vous pour mettre en place notre embuscade. De plus, grâce à Magirius, nous avions pu obtenir trois barils de poudre. J'en gardais un avec moi et nous en plaçâmes deux à l'intérieur. Durant l'après midi Khorint et Erefne voulurent prévenir Richter mais ils trouvèrent ce dernier assassiné à son domicile. Visiblement Teugen avait commencé à faire le ménage parmi ceux qui ne voulaient servir sa cause.

En début de soirée nous prîmes position : Khorint, Bénélis, Heinrich et Gadoum se planquèrent à l'intérieur de l'entrepôt numéro treize. Erefne se plaça sur les toits d'un entrepôt voisin armée de son arbalète. Pour ma part, je m'installais au bout d'un ponton assez proche en compagnie de Sarfath, jouant tous les deux aux jeunes amoureux cherchant un peu d'intimité romantique au bord du fleuve. J'avais laissé volontairement mon baril de poudre à l'autre extrémité du ponton, au bord du quai, à une vingtaine de mètre de notre position.

Nous attendîmes patiemment chacun à son poste sachant ce qu'il fallait faire...

Un peu avant l'heure prévue, un premier carrosse arriva. Steinhäger en descendit en compagnie de deux hommes portant des rails d'acier courbes : visiblement le matériel nécessaires à former le pentacle. Ils s'introduirent dans l'entrepôt. Puis ce fut le tour de Heugen accompagné de nombreux gardes, plus d'une douzaine, qui prirent position tout autour du baraquement. J'espérais qu'Erefene n'allait pas se faire repérer. Par contre les gardes dockers avaient évidemment remarqué notre présence mais ne vinrent point nous importuner. Je décidais alors de jouer parfaitement mon rôle en enlaçant Sarfath. La situation de comédiens soit disant amoureux me convenait parfaitement avec elle. Il fallait avouer que j'avais un faible pour cette petite. Elle me lança tout de même un drôle de regard me faisant comprendre que je ne devais être trop entreprenant et ajouta :

« Josep, concentres toi sur notre objectif et rappelles toi que l'on fait semblant...»

Ah ces filles ! Jamais contente. J'écoutais tout de même ces conseils et commençait à évaluer discrètement la situation. Huit gardes s'étaient dispersés autour de l'entrepôt tandis que huit autres restaient en place devant les grandes portes. C'est à cet instant que commença la ronde des carrosses. Les uns après les autres, les membres de l'Ordo arrivèrent. Teugen et son neveu conclurent le bal. Avec eux se trouvait un homme ligoté, cagoulé et bâillonné. Quelque chose me disait qu'il était l'invité d'honneur de cette petite sauterie. Je remarquai aussi, même de loin, que Teugen ressemblait plus à un monstre qu'à un être humain. Son visage défiguré lui donnait une allure démoniaque. Certainement les conséquences d'une dégradation physique d'un être qui s'était voué au Chaos.

Tout ce beau petit monde entra mais je ne pouvais deviner ce qu'il allait se passer désormais à l'intérieur. Il me semblait évident que le sacrifice allait commencer et que mes amis passeraient à l'action pour l'interrompre. Je m'attendais d'un instant à l'autre aux explosions des barils qu'ils possédaient mais cela ne se passa pas ainsi. Le destin décida qu'un des gardes de l'extérieur se fit trop curieux. Décidant certainement que la présence de notre couple d'amoureux dérangeait cette petite réunion ; il vint vers nous. Je le laissais tranquillement s'approcher sachant que mon bâton était à portée de main.

« Holà les jeunes ! Alors on se becotte sous la Lune ? Mais faudrait tout de même voir à pas trop traîner dans le coin les tourtereaux.» nous dit-il.

Je laissais Sarfath en retrait pour m'avancer de cinq pas vers lui en lui faisant signe que je désirais lui parler discrètement. A son niveau, je lui dis à voix basse :

« Hé mon gars, je crois que je l'ai bien emballée là. Je sens que je vais conclure, foi de Jean-Claude Dus ! Mais j'ai peur que ton intervention la refroidisse et casse mon coup ! Bon, pas de problème, on va s'éclipser sur le champ. Laisses moi juste la rassurer et on dégage. »

« D'accord ! Je vous laisse. Mais faites vite.» répondit-il en s'apprêtant à rejoindre le quai.

C'est là qu'il fit l'erreur de me tourner le dos. Je fis sauter du pied mon bâton posé au sol, l'attrapant avec vivacité pour lui asséner un coup violent au niveau de la tempe gauche. Sur la force de l'impact, il perdit connaissance et tomba à l'eau. Voyant de loin la scène, six gardes se mirent à courir en notre direction tout en dégainant leurs armes. Eux aussi firent l'erreur de leur vie. Je sortis le pistolet caché sous mon caban et visa le baril de poudre lorsqu'ils commencèrent à s'engager sur le ponton.

BAOOOOOOOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUMMMM !

L'explosion fut violente. La moitié du ponton explosa littéralement sous la déflagration et les six gardes se transformèrent en viande hachée. Sarfath et moi-même fument projetés à l'eau par la puissance du souffle. Puis tout alla très vite. J'appris par la suite qu'à la suite de la détonation, tout le monde paniqua à l'intérieur de l'entrepôt sauf notre groupe bien sûr. Erefne put blesser quelques gardes à l'extérieur qui se demandaient bien ce qui se pouvait se passer. Tandis qu'un vent de panique prit les membres de l'Ordo, mes amis passèrent à l'action. La plupart des membres déguerpirent.

Sauf Teugen et son neveu qui engagèrent le combat. Celui-ci fut rude car Teugen maîtrisait la magie et lança même quelques boules de feu ! De plus son « neveu » se révéla être en fait un démon, garde du corps, qui se transforma pour laisser place à une créature puissante et horrible. Mais le combat tourna une fois de plus à notre avantage. Je mis hors d'état de nuire encore quatre gardes à l'extérieur avec l'aide des deux filles et les derniers fuirent les lieux. Pendant ce temps Khorint et Heinrich tuèrent Teugen et le démon avec l'aide de Bénélis et de Gadoum.

Nous en sortions tous indemnes. Steinhäger et Haagen furent arrêtés sur le champ. Magirius vint nous remercier vivement. Nous avions contré les agissements fourbes de Teugen et l'avions définitivement mis hors d'état de nuire. Une victoire sur toute la ligne.

Il n'y avait désormais plus d'Ombres sur Bögenhaffen...

Retour à l'accueil