Le Carnaval de Middenheim touchait à sa fin. Depuis une dizaine de jours, la cité du Loup Blanc, était en pleine effervescence. Bon certes cela tenait essentiellement aux nombreuses fêtes, spectacles et autres animations citadine. Le public jubilait au son des trompettes annonçant les matchs de Rotzball et autres défis de combats. Mais moins officiellement, la ville était aussi en plein méli-mélo politique. Des étranges lois anti-nains et anti-magos, aux complots autour du Graf, on en avait fréquenté des intrigants et autres charlots.

Mais bon quand je dis « on », cela concernait plus Khorint, Sarfath ainsi que les deux sœurs elfes. Autant dire que de mon côté je n’étais pas trop impliqué dans ce bordel. Un peu à la manière d’Heinrich qui s’occupait davantage de son auberge plutôt que de farfouiner de partout. Finalement il serait aussi capable que moi de résumer la situation… En tout cas je me suis bien marré, quand il n’a pas hésité à empoissonner le docteur Pavarotti au nez et à la barbe de tous ! Sa confiance en moi est exceptionnelle. Et faut dire que, malgré son air débonnaire, je peux toujours compter sur son aide. D’ailleurs n’est ce pas lui qui a retrouvé la trace d’Alicia ?

Car si j’avais paru flâner dans les rues de Middenheim, passant mon temps à profiter des spectacles populaires la journée et à engloutir moult litres de bière le soir, je n’avais pas perdu de vue mon objectif. Retrouver la fille de Fiddussier et rentrer en contact avec la Main Pourpre. Et c’est ainsi que j’avais rencontré Théodore Glückstein, un « ami » à Lieberung, qui détenait la petite depuis le départ du vrai Kastor. Heinrich avait vu la prisonnière mais malheureusement le pouvoir du Chaos l’avait gravement atteint. …

Je me tenais devant sa cellule en ce moment mais je n’osais y rentrer. A mes côtés se trouvait Khorint.

Il m’avait accompagné depuis la maison du Maître des Lois Weissmeyer. Nous nous étions rendu à son domicile pour l’arrêter sous l’ordre du Graf. Nous avions les preuves écrites qu’il était à la tête des intrigues contre le Graf et de surcroît responsable du meurtre d’un de ses confrères. Heinrich et les elfes ont tenté de l’intercepter alors qu’il tentait de fuir de la cité. Je ne sais pas ce qu’il est advenu d’eux mais de notre côté nous avions combattu une créature mutante protégeant les lieux. Un incendie avait commencé à se propager dans une partie de l’habitation. Nous arrivâmes à le stopper ce qui nous permit de récupérer de nombreux documents. A la lecture de ces derniers, Khorint comprit rapidement que Weissmeyer s’avérait être le Grand Maître de la Main Pourpre. Incroyable n’est ce pas ? Je ramassais tous ces écrits dans un grand sac et je demandais à Khorint de m’accompagner au « comptoir » de Gluckstein. Si il était un membre de la secte, j’avais peur qu’il s’enfuît lui aussi ! Mais les lieux étaient vides alors suivant les indications que m’avait données Heinrich, je me rendis dans les caves pour y retrouver Alicia.

L’endroit était glauque et humide. Notre torche luttait difficilement contre les ténèbres de ces cachots. Lorsque je fis sauter la serrure, j’entendis les sons étranges que m’avaient décrits Heinrich. Des bruits de reptation au fond de la pièce accompagnés d’une voix légèrement sifflante.

« C’est toi Kasssstor ? Oui ssss’est bien toi. » Une créature au corps de serpent mais au buste de femme se tenait face à nous. Son visage, aux yeux reptiliens, portait encore les marques de la jeune fille qu’était Alicia. Je ne sais pas ce qu’avait foutu Lieberung et Glückstein, mais qu’ils pourrissent en enfer ! J’avais pitié pour cette chose surtout qu’elle me prenait pour l’autre enfoiré. Elle se mit à pleurer et à me maudire. Elle nous expliqua qu’un « sorcier » lui avait fait ingurgiter des doses d’une poudre noire. La poudre du Chaos ! Encore une fois les pierres distordantes avaient ruiné la vie d’une innocente personne. Mais la chose face à moi n’était plus humaine. Cela me dégoûtait par avance mais on ne pouvait ni la ramener à son père, ni la laisser pourrir ici. Je sentais bien que Khorint ne savait pas quoi faire et mon bras tremblait lorsque je saisis le pommeau de mon épée. J’étais déchiré entre un sentiment de honte pour notre humanité mais aussi d’une immense haine envers le chaos. J’avais toujours haï les mutants et c’est ce qui m’avait poussé à m’engager auprès des Répurgateurs. Mon rôle était simple : trancher selon leurs justices. Je tirai mon épée et la levai en sa direction.

« Certes, je l’avoue, tu ne mérites pas d’avoir tant souffert. Mais même si je ne suis pas Lieberung, cette ordure qui t’a manipulée et abandonnée, je serais ton bourreau. Car la créature que tu es devenue ne mérites pas de vivre. Alors implores une dernière fois les dieux en silence car voici venue l’heure de ta répurgation ! »

D’un geste rapide mais puissant, je lui tranchais la tête, libérant une partie de cette soudaine colère. L’anneau à ma main droite se mit alors à briller fortement.

«Ca va Josep ? » me demanda mon ami. « Non ça va pas. Ca n’ira que lorsque j’aurais réglé son compte à Glückstein ! »

La suite est difficilement racontable…

En remontant nous tombâmes sur Théodore accompagné de deux de ses hommes à qui nous réglâmes rapidement leurs comptes. Je matraquais Gluckstein de nombreux coups de poings en plein visage. La rage montait en moi. Je le fis descendre dans le cachot afin de lui montrer le destin de la créature. Il faisait visiblement dans son froc. Et l’homme tremblait face à ma détermination. Il ne cessait de hurler de peur ou de gémir ne comprenant pas pourquoi son « vieil ami » le traitait ainsi.

« Tu vois pauvre merde, ce que tu as fait, » lui dis je, « Tu vas payer pour ça. Tu mériterais de croupir dans ce lieu des années. Mais je sais que tu n’y resteras pas. Alors je vais t’enfermer dans ta propre prison. Je vais commencer par te crever les yeux, puis te couper la langue. Mais tu continueras dans l’obscurité à entendre ma voix sans pouvoir hurler et me demander que j’achève tes souffrances. Et pour finir, je te crèverais les tympans et je te laisserais là dans ce silence morbide. Et là tu connaîtras l’enfer ! »

Lorsque je ressortis de la cellule, j’étais dans un état second et couvert de sang. Je me rappelle juste avoir rejoint Khorint. Celui-ci me jetait de drôles de regards. Je retrouvais seulement mes esprits à l’auberge. Nous y posâmes les documents, je pris le temps de me changer et nous nous dirigeâmes au palais afin d’y retrouver nos amis.

En arrivant sur place, la surprise fut de taille. Tout notre groupe fut accueilli par de nombreux gardes panthères sous le commandement d’ Ulrich Schutzmann. Le Maréchal Von Gensher et le seigneur des Lois Herlich l’accompagnaient.

Et nous fûmes mis aux arrêts sans aucune explication.

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