Toutes ces cités naines, il y avait de quoi se perdre bon sang… D’après les légendes, Sigmar était censé s’être rendu à Karaz-a-Karak la cité des Nains créateurs du Marteau. Cela aurait du être la meilleure des pistes. Mais finalement vingt siècles plus tard, personne ne savait s'il avait même dépassé la passe du feu Noir ! Heureusement Erefné avait retrouvé dans un ouvrage de la bibliothèque de Nuln un indice comme quoi il se serait dirigé en premier lieu vers Karak-Kadal une autre cité naine. C’est dans ces ruines désolées que nous avions retrouvé le temple avec la voûte étoilée nous guidant encore plus loin à travers les montagnes vers la vallée des Brumes. Puis finalement ce sont les Elfes qui nous ont révélé que Sigmar serait passé par leur vallée perdue pour se rendre à une autre cité naine : Kadar-Khalizad. Comme quoi les légendes...

Je suis allé un peu vite ? Vous voulez des détails ? Bon allez, d’accord. Mais vite alors, car j’ai du pain sur la planche…

Tout d’abord, lors de notre nuitée dans le temple de Karak-Kadal, la voûte du temple s’était illuminée pour laisser apparaître un phénomène magique et, il fallait bien l’avouer, magnifique. La voûte céleste s’était formée par un enchantement des lieux et une comète à deux queues la traversa nous indiquant visiblement la direction à suivre. En effet, comme je connaissais pas mal de constellations, je savais plus ou moins me repérer aux étoiles. Oui je sais, tout batelier se doit de connaître au moins « la grande ourse à la bière » ou « la péniche Argo ».

Durant plusieurs journées nous avions continué notre avancée à travers les Montagnes Noires jusqu’à tomber sur la vallée des elfes. Ces derniers vivaient cachés en ces lieux protégés par une brume persistante. Ils nous expliquèrent que nous nous trouvions à la frontière australe des montagnes et que personne ne pénétrait sur leurs terres. Quelques gobelins venant des désolations du Sud se perdaient quelquefois dans la brume. Ils finissaient en cible pour ces parfaits archers. Bref notre rencontre fut un peu tendue au début car la présence d’étrangers était aussi peu fréquente qu’elle était la bienvenue pour ce peuple. Mais quand nous leur expliquâmes le pourquoi de notre quête, ils décidèrent de nous aider. Leur chef Melaril Boidorm nous apprit que, d’après leurs légendes, Sigmar était bien passé par leurs vallées après avoir quitté l’empire afin de se rendre à Kadar-Khalizad.

En contrepartie de ces informations et de la possibilité de nous indiquer de nouveau la route pour cette cité naine, il nous demanda de l’aider à vaincre un mal étrange qui sévissait en ces terres depuis quelques temps. Des elfes avaient été retrouvé mort dans d’affreuses conditions, comme vidés de leur sang. Nous acceptâmes et nous mîmes en chasse. Une troupe de ses meilleurs soldats nous accompagna avec à leur tête comme capitaine un dénommé Narsil. Erefne eut la bonne idée de demander à Boidorm de lever la brume afin d’améliorer nos recherches. Elle avait comprit que ce brouillard était en fait un puissant sortilège elfe permettant de protéger et d’isoler la vallée. Près de deux cadavres elfes, nous retrouvâmes facilement la trace d’une créature du chaos. Une odeur de putréfaction l’accompagnait et d’une nuée ombrageuse surgit une masse importante d’appendices : des bras de chair, des boyaux puissants remplis d’acide, des tentacules et une sorte de tête monstrueuse… Le combat fut rude car elle déployait de nombreuses attaques. Mais encore une fois, nous triomphâmes de cette créature puissante du chaos sans compter de blessés graves.

Le contrat rempli avec les elfes, Narsil nous indiqua la route à suivre à l’aide d’une petite carte. Nous le quittâmes sans oublier de le remercier. Il fallait se diriger vers le sud-est toujours dans les montagnes et traverser quatre vallées et quelques cols. Cela nous prit quasiment deux semaines. Au neuvième jour, une route devenue sauvage était apparue. La qualité du pavage ne laissait point de doute. Il s’agissait d’une ancienne voie naine. Nous la suivîmes encore quelques jours remontant en altitude.

La voie atteignit bientôt un angle arrondi où le flanc de la montagne se bombait et soudain, dans une étroite ouverture du rocher, apparut un escalier. Des marches, un tas de marches…. Elles s’enchaînèrent, étroites et inégalement espacées, souvent traîtresses : elles étaient usées et lisses au bord, parfois brisées, ou craquant sous le pied. Presque aussi raide qu’une échelle sur certains passages, l’escalier se taillait de plus en plus profondément dans la montagne à pic. Les murs rocheux s’élevaient toujours plus haut au dessus de nos têtes. Ce fut une pénible et interminable ascension.

Enfin, après une dernière volée, courte et raide, nous débouchâmes sur un parvis lisse de granit en forme de demi croissant. En face, une paroi rocheuse se dressait laissant se projeter les derniers mètres du sombre pic. L’endroit semblait être à la fois un point d’observation mais aussi un sacré cul de sac. Pas de passage. Aucune ouverture ne se dessinait dans la roche même après quelques recherches. Bénélis et sa sœur sentaient la magie à plein nez et pourtant rien ne leur apparut. Erefne lança un sort de vol pour aller observer du sommet. Elle redescendit affolée.

« Je n’ai rien trouvé là haut. Par contre, au loin dans la vallée, j’ai aperçu une armée se mouvoir. Il s’agissait de gobelins, d’orques et même de trolls noirs. Ils se dirigeaient sensiblement vers le Nord. »

C’est clair que le temps jouait contre nous. Les peaux vertes du Sud s’apprêtaient visiblement à envahir le Wissenland et l’Averland. Non seulement on se doutait qu’il en serait de même au Nord et dans la région de Kislev, mais là nous détenions une information concrète de premier ordre. Pourtant il nous fallait trouver d’abord l’entrée de cette maudite cité afin de dénicher Ghal-Maraz.

Encore une fois, notre salut vint des prières de Günter. Le prêtre s’agenouilla face à la paroi et implora l’aide de Sigmar. Une ouverture se fit alors dans la roche. Je n’étais pas mécontent d’avoir « réquisitionné » ce type à Wuppertal. Non seulement il s’était assagi à notre contact comprenant qu’il n’y avait aucun intérêt à une lutte fratricide entre Ulrik et son dieu, mais de plus sa foi nous sauvait encore une fois la mise.

De l’autre côté, nous pénétrâmes dans une immense grotte à l’allure d’un entrepôt. A notre grande surprise, il y avait au fond un feu qui se consumait lentement et une pauvre paillasse. Une voix se fit entendre dans nos esprits nous souhaitant la bienvenue. Puis apparut un vieux nain, je dis « vieux » vu la longueur de sa barbe, un peu claudiquant, à l’air un peu hagard. Il se présenta sous le nom de Yodri, ultime gardien des lieux. Il nous déclara ensuite qu’ils nous attendaient depuis fort longtemps.

Il demanda à ce que nous lui racontâmes notre histoire dans un premier temps, ce que nous fîmes, puis nous révéla la sienne. Nous étions bien aux portes de Kadar-Khalizad, mais la cité cachée à l’intérieur de la montagne avait été abandonnée de puis fort longtemps. Sigmar était parvenu jusqu’ici afin de rencontrer son vieil ami érudit Wulfan Merglord. Ce dernier semblait préoccupé et avait requis l’aide d’Heldenhammer. Ensemble ils étaient descendus au fond de la cité souterraine. Pour quoi faire ? Yodri, jeune apprenti à l’époque, n’avait pas de réponses ; mais seul Merglord en était revenu. Il ne raconta jamais ce qui s’était passé dans les profondeurs ni ce qu’il était advenu de son ami. Mélancolique et obscur quelques temps, il décida de redescendre et disparut à son tour. Deux nains l’accompagnèrent, Dargad Pierremuscle réputé grand guerrier et le magicien Mankir Voiloin, afin de sceller les portes derrière lui. Un terrible mal semblait occuper les Abymes de la cité et petit à petit le peuple nain la déserta. D’après Yodri, démons et orques avaient depuis envahi les lieux. Après ces révélations, le vieux Nain nous proposa de partager son repas puis de prendre un bon repos. Il jeta alors des herbes dans le feu. La fumée qui s’en dégagea nous plongea tous dans un profond sommeil. A notre réveil, nous échangeâmes une drôle de discussion, car dans nos rêves, des visions précises nous étaient apparues. Celles-ci étaient claires : la défaite des hommes déchirés par la guerre fratricide face aux invasions du chaos semblait inéluctable.

Yodri nous avoua que cette caverne était l’un des points d’entrée de la cité. Mais une fois de l’autre côté, s’il disait vrai, la quête du marteau allait être un tantinet compliquée. Des putains de galeries s’enchevêtraient et les nouveaux habitants n’apprécieraient certainement pas notre petite visite. Cette mission pouvait se transformer en véritable déroute et Kadar-Khalizad devenir notre tombeau. Je décidai alors de renvoyer vers le Nord, Kargrim, Ulf, Karin et Alexander porteurs de courriers à différentes personnes de confiance. Sarfath fit une lettre à la Comtesse Von Liebwitz. Khorint en adressa une à Einrich Todbringen. Pour ma part je contactais Markus ; et Bénélis fit de même auprès de l’ordre de son Temple. Chacune expliquait notre périple, demandait de ne pas céder à la guerre civile prévenant des dangers des invasions goblinoides et d’attendre notre retour. Ceci fait, nous pouvions alors pénétrer dans cette foutue cité.

Et advienne que pourra…

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