Kadar-Khalizad ne fut pas notre tombeau !

Même si l’exploration de la cité souterraine à la recherche du Fendoir de Crânes fut le lieu de nombreux combats, pour ma part je m’en sortis sans une égratignure. Yodri, lorsqu’il nous avait révélé l’entrée cachée, avait été très clair : nous ne pouvions revenir sur nos pas. Sachant ceci et ne pouvant faillir à notre mission, nous passâmes donc de longues heures à explorer les lieux. Une cinquantaine de gobelins avaient pris possession des étages supérieurs. Ils montrèrent quelques résistances, l’un d’entre eux manipulant même un peu la sorcellerie, mais tous tombèrent sous nos assauts. Je me fis un plaisir de trancher la tête de leur commandant. En fait les difficultés vinrent après. Les quartiers goblinoides une fois purgés, nous atteignîmes une grande caverne où sommeillait un dragon. Ce que nous prîmes au début pour un vaste éboulement de pierres et de roches s’avéra être une créature d’une trentaine de toise recouverte d’une poussière ancestrale. Heureusement pour nous son sommeil était si profond que nous pûmes éviter son courroux et continuer notre périple. De cette grotte, un large escalier descendant nous avait conduit aux niveaux inférieurs. Nous étions au cœur de l’ancienne cité. Nous visitâmes entièrement les lieux qui révélèrent de nombreux trésors. De nombreux quartiers nains entre autre, mais aussi un temple de Grungni bien conservé, de magnifiques appartements et une superbe salle du trône aux colonnes et gravures impressionnantes. Il n’y avait pas à dire. Ces foutus barbus savaient recevoir même dans l’obscurité. Trois élementaires de feu gardaient la salle du trône et nous eûmes beaucoup de mal à en venir à bout. Mais en ces lieux, notre principal adversaire fut Mankir Voiloin. Ou plutôt ce qu’il en restait puisque le vieux magicien s’était transformé en liche. Cette créature accompagnée de squelettes, de gobelins et de goules voulut empêcher notre progression. Il fallut toute notre expérience de combattant pour en venir à bout. Encore une fois les deux sœurs elfes nous sortirent quelques beaux atouts de leurs manches. Pour ma part, mon fléau avait valsé de gauche et de droite fracassant de nombreux crânes. Khorint et Günter avaient même failli y passer. Au bord de la mort, Bénélis les soigna grâce à sa magie divine.

Nous décidâmes alors de nous installer dans la salle du trône le temps que nos guerriers se rétablissent. Erefne et Bénélis devaient aussi se reposer épuisée par tous ces sortilèges. Le spectre d’un jeune nain vint alors hanter notre repos. Il se présenta comme étant Khanna MainGelé l’ancien prêtre de Grungni de la forteresse Naine. Son temple avait été bafoué depuis l’isolement de Wulfan. Il savait que ce dernier avait réveillé une terrible créature dans les profondeurs de la cité. Merglord avait alors mandé l’aide de son ami Sigmar pour emprisonner ce mal. Mais Sigmar n’en était jamais revenu et Wulfan avait perdu tout goût à la vie. Khanna se rappelait encore de l’abandon de la cité et de la profanation de son temple par les troupes du chaos. Il avait voulu défendre l’autel sacré mais l’avait payé de sa vie. Depuis il errait en souffrance. Nous décidâmes de le libérer définitivement du monde des spectres en lui offrant une sépulture afin qu’il retourne en paix auprès de Grungni. Il nous remercia dans un dernier souffle et disparut à jamais. Après ce court temps de repos, nous reprîmes nos investigations. Heinrich et Sarfath avaient repéré un escalier s’enfonçant dans les entrailles de la cité. La descente fut interminable ; la chaleur devenait étouffante et la moiteur n’arrangeait en rien la situation. Au bout d’un temps inestimable, nous entendîmes le bruit d’un cours d’eau. L’escalier débouchait alors près d’une rivière souterraine. Le courant était assez fort et de chaque côté, le cours d’eau disparaissait par des tunnels sombres. Face à nous se trouvaient une petite grève, un petit ponton et une grande barque faite de marbre. Comment flottait-elle et surtout comment était elle maintenue au ponton puisqu’il n’y avait ni corde ni attache ? Encore une fois la magie opérait en ces lieux. La barque semblait adaptée à notre nombre et dès que nous fûmes tous à bord, elle se mit à suivre le courant. Pas besoin de la guider, elle évitait tout obstacle rocheux. Nous n’avions alors plus qu’à nous baisser de temps en temps pour ne pas nous assommer.

Au bout de quelques instants, nous atteignîmes une nouvelle berge et la barque s’arrêta d’elle-même malgré le fait que la rivière continuait son cours. Un escalier nous faisait face. Nous débarquâmes et le descendîmes. Nous atteignîmes une immense grotte qu’il nous fallait traverser. Ce fut un véritable périple, car de nombreux pièges se déclenchaient sur notre passage. Des stalactites tranchantes comme des lames s’abattaient à mesure de notre avancée, des jets de flamme apparaissaient un peu de partout, de l’acide coulait du plafond par endroit et certaines stalagmites s’animaient, se découvrant des mâchoires de pierre aux dents acérés. Ce lieu était aussi étrange que dangereux. Il nous fallut avancer prudemment, utilisant plastrons ou boucliers pour nous couvrir et nous protéger. Malgré ces précautions, certains de mes compagnons furent blessés mais Bénélis veilla sur eux. Un long couloir nous mena à une grande salle dallée. Face à nous se dressait une large porte gardée par deux statues. Deux guerriers nains aux casques ailés, la hache à la main. Une voix profonde se fit entendre : « Qui vient demander une audience auprès du maître érudit ?» Lorsque Sarfath déclara : « Des serviteurs de Grungni ! », les doubles battants s’ouvrirent.

De l’autre côté se trouvait une salle de forge. Quelques outils et vieux meubles prenaient la poussière. Deux petites portes se tenaient sur le côté ainsi qu’une troisième, plus importante, face à l’entrée. A peine arrivés dans cette pièce qu’un être fantomatique apparut. Il s’agissait du spectre de Wulfan qui se mit à vociférer plusieurs alertes à notre encontre. Il ne souhaitait pas que notre expédition aille plus loin car, d’après ses dires, Ghal Maraz était en sécurité. Il craignait que notre groupe réveille à nouveau le mal en ses lieux. Mais à la vue de notre détermination il se mit une nouvelle fois en colère. Les objets autour de nous se mirent à voler et quatre guerriers nains de pierre apparurent. Il fallait faire vite pour faire taire définitivement ce fou. Alors que la plupart de mes compagnons se protégèrent des instruments de forge derrière les sortilèges d’Erefné, je me ruai en direction du spectre faisant taire la trouille bleue que j’avais de ces créatures. Je lui assénai alors de nombreux coups faisant tournoyer mon fléau sans cesse. Mais visiblement, même si cela l’obligea à reculer au fond de la pièce, mon arme ne semblait pas le blesser. Bénélis cria alors en ma direction et me lança son arme. J’attrapai avec agilité son épée longue pour asséner un coup terrible et précis à la créature. La lame magique fit le reste du travail la tranchant sous l’aine. Le spectre de Wulfan disparut dans un râle tandis que les objets retombèrent au sol et que les guerriers nains se figèrent. Les deux pièces sur le côté s’avérèrent être pour l’une, un bureau avec sa bibliothèque, et pour l’autre un vieil atelier ravagé. Nous trouvâmes dans la première le reste du journal de Wulfan ainsi que quelques parchemins magiques qu’Erefne s’empressa de rouler et de ranger dans sa besace. L’autre était sans intérêt.

Il ne restait plus qu’à ouvrir cette foutue troisième porte.

Nous poussâmes les lourds battants pour voir apparaître une immense salle hexagonale aux murs constitués d’une roche aussi noire que lisse. Peut être de l’obsidienne, en tout cas certainement quelque chose de précieux connaissant les nabots. Tout le long des parois, semblait se refléter maintes fois l'emblème de Grungni, la pioche, dans ce matériau inconnu. Au fond de la pièce se tenait Ghal Maraz en lévitation face à un trou béant, sorte de puissant impact comme si le mur avait été frappé violemment. Des débris de roches se maintenaient en suspension. Tout autour de l’impact, bordant les fissures les plus extrêmes, étaient gravées des runes Naines mais également des symboles de Démonologie que reconnut Erefné. Après quelques instants d’étude et de réflexion, Bénélis nous demanda de la laisser seule en ce lieu pour se concentrer et invoquer la magie de Véréna. Nous lui obéîmes car elle semblait déterminer. Le temps passa lentement jusqu’à ce que l’elfe ressortit visiblement épuisée. Elle nous fit entrer dans la pièce nous montrant un coffret de bois scellé de verrous. Elle avait réussi à enfermer et protéger magiquement le marteau.

Soudain, le chaos sembla envahir la pièce et s’abattre sur notre groupe. Un violent tourbillon surgit du trou accompagné de cris stridents. Des étoiles semblaient scintiller en son intérieur. Puis un souffle froid passa au dessus de nous. Consternés par ce qui se passait, nous comprîmes qu’il fallait vite déguerpir lorsqu’une masse infâme se déversa hors du trou et se mit à engloutir toute matière à son contact. Devant ce phénomène étrange et visiblement dangereux, nous quittâmes la pièce qui commençait à s’effondrer. Khorint et moi portions le coffre et fermions la marche. Tout tremblait autour de nous, les couloirs s’effondrant de toutes parts. Un peu comme dans ce putain de château Wittgenstein… Sauf que cette fois ci cela venait de cette foutue matière folle qui semblait se nourrir de la montagne. Nous rejoignîmes en toute hâte la barque qui se mit instantanément à suivre le cours de la rivière. Elle prit de plus en plus d’accélération, jusqu’à atteindre une vitesse folle à travers les boyaux des entrailles de cette fichtre montagne. Derrière nous, tout s’écroulait et il me semblait que la masse, devenue énorme, était à nos trousses. Tout alla très vite. Secoués de toute part, il fallait s’accrocher fortement pour ne pas être éjecté. Je me disais que notre fin était proche et que j’avais vu juste en pensant qu’on pouvait tous y passer dans cette foutue quête lorsqu’une lueur apparut au loin dans le tunnel souterrain. Etrange lueur, sensation de chute, vide immense, intense lumière. Puis le trou noir….

Je repris connaissance alors qu’un canasson me léchait la figure. Je le repoussai légèrement sentant alors de vives douleurs dans mon corps. Quelle surprise quand je vis que ce cheval était muni d’ailes ! Je me relevai péniblement pour voir mes autres compagnons se réveillant les uns après les autres. Personne ne manquait à l’appel. Nous étions sur les berges d’un lac de montagne et il y avait d’autres chevaux ailés. Les elfes nous expliquèrent qu’ils appartenaient à une race fabuleuse, celle des Pégases, et qu’il était rare d’en voir un même dans une vie d’elfe ! Vu leur comportement, ils semblaient attendre que nous les montions. Cela fait, ils s’envolèrent pour nous porter au sommet de ce qui restait de notre montagne, puisqu’une grande partie s’était effondrée sur elle-même. Seul le pic de Yodri était encore debout. Les chevaux se posèrent près de la grotte du vieux nain. Ce dernier baignait dans son sang, devant ce qui restait de sa caverne détruite. Son corps à moitié déchiqueté semblait encore en vie même si Bénélis nous avoua qu’à ce stade elle ne pouvait plus rien faire pour lui. Il n’en avait plus que pour quelques instants. Dès notre arrivée il ouvrit les yeux et dans un murmure nous félicita de notre réussite. « Pas mal pour des humains… » Il nous raconta alors que le dragon était sorti de son sommeil lors de l’affaissement de la montagne et était venu l’agresser mortellement. Il nous demanda alors de le porter sur le sommet ce que nous fîmes rapidement grâce aux chevaux où il put mourir en paix, sa longue vie faite de courage et d’abnégation s’éteignant sous les étoiles. Ce nain avait été brave !

Nous ne sachions que faire car les pégases ne voulaient toujours pas bouger. Ils semblaient attendre fixant le ciel. Au milieu de la nuit, une comète à deux queues apparut et fendit le ciel en passant au dessus de notre campement. Une lumière aveuglante se fit et une silhouette se dessina. Nous reconnûmes les traits de Sigmar. Sigmar en personne venait à notre rencontre ! Ou plutôt sa forme éthérée. Il nous parla, nous expliquant qu’en arrachant Ghal Maraz, nous avions libéré une puissante entité chaotique. Le démon, ce vieux mal libéré par le passé par Wulfan, avait été fait prisonnier en ce lieu grâce au pouvoir du marteau. Mais il comprenait que le Fendoir de Crânes devait de nouveau servir à aider l’Empire contre les invasions du Chaos. Il se tourna vers le Nord et nous demanda d'emmener Ghal Maraz à Wolfenburg.

Recevoir les ordres d’un Dieu, c’était la classe. Et en l’occurrence de Sigmar qui pour nous humains, représentait le mythe parfait du Héros ! Mais il fallait bien avouer que je n’avais pas attendu cet instant pour décider de la suite. Cela faisait quelques temps que je savais à qui remettre le marteau. J’en avais plus ou moins informé mes amis et je savais que Sarfath me soutenait complètement. Le marteau servirait à désigner le nouvel Empereur. Celui qui mettrait fin à la guerre civile, fédérerait les hommes et déferait les troupes du Chaos. Bref celui qui aurait le pouvoir et pourrait nous en faire jouir. On avait suffisamment baroudé pour croiser quelques candidats sérieux. Et vu nos liens étroits avec Middenheim, il semblait plus que naturel de se tourner vers Heinrich Todbringen.

Mon choix s’avéra être le bon car je réalisais à l’instant, avant qu’il ne disparaisse, que Sigmar et Todbringen avaient comme un air de famille…

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