Chapitre VI
21 juin 200419 mars 1198 à la Bergerie.
Je suis de retour depuis ce midi. Rien ne me semble changé à Runes, le calme est revenu.
21 mars 1198.
Un paquet est arrivé en provenance d'Avignon pour Génésius. A peine le messager a-il remis le paquet, que Génésius s'éloigne pour l'ouvrir dans ses appartements. Quelques minutes après, alors que nous avons tous perçu des cris de rage venant de la galerie de peinture du maitre-peintre, nous sommes pressés par Aliazar d'assister à un conseil, demandé par Génésius. En arrivant, nous voyons le maître, livide et surexcité.
Je l'ai rarement vu dans cet état, et rapidement, au milieu de ses exhortations à punir le coupable, il nous explique qu'une de ses peintures lui a été renvoyée d'Avignon... C'est lorsqu'il ramène le tableau en question que certains, notamment Battossaï, ne peuvent s'empêcher de pouffer de rire. Il s'agit plutôt d'un pastiche, certes vulgaire et peu réussi, mais rien de réellement méchant, ni de comparable à l'art du maître peintre de Runes. Hélas, Génésius, lui, n'a pas pris la chose à la légère comme nous et soupçonne même un piège d'Archibaldo, à un tel point qu'il est décidé à demander réparation... Une lettre accompagnant l'objet, en provenance du palais des Papes, précise même que « Ce tableau ne mérite pas sa place au Palais ». Elle est signée de l'intendant du Palais lui-même. Au milieu des gesticulations désordonnées du maître, Aliazar exprime un doute sur la provenance... Peut-être Garrett à-t-il voulu se venger ? Cela lui ressemble...
Après avoir requis un exemplaire de l'écriture de notre ex-espion, une certitude commence à naître sur le vrai nom du coupable... Batossaï prend la défense de Garrett, et une polémique s'engage entre la Voix et l'Ame de l'Alliance... Polémique qui tourne presque à la dispute, sous les yeux médusés de Génésius, dont les yeux hagards vont rapidement de l'un à l'autre des protagonistes, sans comprendre vraiment la raison de la dispute, alors que la pastiche est toujours là, comme une insulte à son art...
Tout le monde se calme enfin. Aliazar propose de passer Garrett à la question, et demande à Aymeline de le localiser pour le lendemain. Sur ce, le conseil se termine.
22 mars 1198 au déjeuner.
Garrett est à Avignon, nous confirme Aymeline. « Je pars pour Avignon », enchaîne Génésius, « J'ai besoin de savoir ce qu'est devenu l'original de mon tableau. Et si Garrett est responsable, il paiera le prix de son insolence. ». Un clin d'œil entendu entre Aymeline, Battossaï et moi me confirme que notre plan pour capturer Archibaldo va bientôt passer à la vitesse supérieure. Sur une idée d'Aymeline, nous allons attirer Génésius et Archibaldo dans un traquenard, nous servant pour chacun du nom de l'autre comme un appât.
23 mars 1198.
Départ effectif de Génésius. Nous passons la journée à mettre au point les derniers détails. Si tout va bien, Archibaldo ne sera sous peu plus un problème... Si tout va mal... Génésius risquera sa peau...
Arrivée de Génésius à Avignon. Mise en place par Aymeline de l'envoi des lettres. Le plan fonctionne a merveille. Chacun de leur coté, Archibaldo et Génésius se dirigent vers le point de rendez-vous que Aymeline leur a assigné.
Soir du 3 au 4 avril 1198.
Lorsque je me pose sur la charpente de la vieille grange ou Archibaldo s'est aventuré, je peux contempler notre victoire totale. Le moine est prisonnier, sous la garde de Garrett, qui s'est débarrassé des brigands en les renvoyant chez eux . Il ne manque qu'Aude, qui arrive quelques minutes après. L'interrogatoire peut commencer. Aude s'approche d'abord d'Archibaldo, qui tente d'éviter ses yeux. Mais à force de persuasion, il vient perdre son regard dans celui d'Aude, et il finit hypnotisé. Alors, la séance commence. Archibaldo répond à nos questions.
« Oui, je travaille pour Nausébus, qui lui même sert Balthus, un démon qui est son maître. Balthus nous a manqués à Chamonix et c'est pour cela que j'ai enlevé Aliazar pour vous attirer à Avignon. Je vous éliminerai car vous êtes des mages d'Hermes. Et si nous n'avions pas encore attaqué votre alliance, c'est parce qu'elle est entourée par une aura féerique assez puissante. »
« Je ne sais pas ou réside Nausébus, c'est lui qui me contacte au palais des papes, et je ne le croise que rarement, mais c'est bien lui que vous avez vu sous le nom de Protentus à Doissetep. Il m'a chargé de coordonner l'Inquisition, et notre prochaine cible sera Bellaquin, une alliance de la maison Jerbiton, en Bretagne. Le nouvel ordre de mon maître est formé par une centaine de magiciens, dont certains sont des espions dans les alliances d'Hermes. A Doissetep, nous avons quatre espions que je connais : Quymrick, Aksel, Hérot le maure et Alarmon. »
« Quant à mon rôle au sein de cette organisation, je réunis des fonds avec des partenaires militaires et financiers, afin de financer une armée, qui servira l'inquisition.»
« A propos de Nexus, je peux affirmer qu'il ne travaillait pas contre vous, mais contre nous. Il est actuellement enfermé dans le réggio démoniaque de Balthus. Il a volé Yg à Nausébus, il y a longtemps.Yg a d'étonnant pouvoir, notamment celui de pénétrer n'importe quel reggio, ou de connaître beaucoup des secrets de Nausébus. »
« Oui, je hais Génésius, et c'est pour le tuer que j'étais venu. »
Après toutes ces confidences, et après avoir arraché un dernier renseignement sur un passage secret qui permet d'entrer dans le palais des papes, et par la, d'accéder au sanctum d'Archibaldo, Aude lui demande de tout oublier, et de revenir ici-même lorsqu'il en recevra l'ordre par une lettre que nous lui enverrons. Il devra de plus, nous amener son livre de magie le plus puissant. C'est une victoire totale. Après avoir ordonnée à Aude et Garrett de rentrer à Avigon, je décide d'aller prévenir Génésius de l'affaire. Malheureusement, réveillé vers trois heures, après avoir patienté dans une clairière de longs moments, le maître n'est pas réceptif à mes arguments, et c'est presque sous un déluge d'insultes que je quitte sa chambre, ayant à peine pu le prévenir qu'une alliance de Jerbiton bretonne va être la prochaine cible de Balthus. Je ne le sais pas encore, mais aucun de nous ne reverra le maître peintre avant longtemps.... Je rentre ensuite à Runes.
4 avril 1198, au conseil de Runes.
Il manque Génésius, mais les discussions tournent autour de lui. Nous ne savons rien de ses plans, et la dernière rencontre que j'ai eu avec lui laisse présager que nous avons agi précipitamment, et qu'il ne veut pas nous pardonner de nous être joués de lui... Même si cela n'était pas notre but premier, c'est la seule chose qu'il retient de notre action. Il semble cependant qu'il soit quand même parti vers Gênes, comme il l'avait prévu. Le deuxième sujet qui nous passionne, Archibaldo, lui, semble destiné à un meilleur avenir. Devant Aliazar stupéfait, mais bon joueur, j'expose l'ensemble de l'interrogatoire. Aussitôt, nous convenons de prévenir Val Negra, tout d'abord par une lettre, puis, comme le temps presse, Aliazar se dédouble pour aller à Val Negra laisser un message à Maestritus qui n'est pas là. Les discussions repartent de plus belles, et une heure après, nous sommes interrompus par l'arrivée de Maestritus lui-même, qui est venu physiquement nous parler. Nous l'accueillons avec joie, lui présentons Yg avec lequel il s'entretient longuement, puis, après lui avoir expliqué la menace qui pése sur Bellaquin, il prend la décision de convoquer une marche des magiciens, qui partira de Doissetep ou nous allons tous aller faire un rapport. D'autres accords sont en préparation... nous pourrions échanger Yg et l'œil du géant contre un laboratoire à Val Negra, ou procéder à des échanges de Virtus. De plus, comme nous avons un fort besoin de magie de déplacement, Maestritus consent à nous échanger un sort d'ailes du vent, contre 20 pions de virtus.
6 avril 1198.
Aliazar, Battossaï et Aymeline partent en vol à Doissetep, ou je les rejoins peu après leur arrivée.
6 avril 1198. Conseil à Doissetep, sous la direction d'Oxione, pontifex Maximus. C'est à moi que revient l'honneur (l'honneur ?) de raconter toute l'histoire. Au départ trés intimidé par l'assemblée, je prend confiance au fur et à mesure du récit, et fort heureusement pour Runes, je ne m'en sors pas trop mal. L'ensemble de l'histoire est favorablement perçu par la communauté de Doissetep, et le pontifex lui-même me semble satisfait, à la fois de notre action, mais également du fait que nous partagions nos informations. La décision de conduire une marche des magiciens pour prendre position à Bellaquin avant l'arrivée des troupes d'Archibaldo est rapidement prise, et le jugement des espions qui suit, est également expédié assez rapidement. A la fin de la réunion, nous sommes conviés à un grand banquet, au cours duquel nous siégeons assez prés du pontifex, puis nous rejoignons nos chambres pour la nuit.